Lundi 3 Septembre 2001
Renault Talisman : Grand Tourisme zen

Sous l'enveloppe d'un coupé sportif de haut de gamme, Renault dévoile une nouvelle philosophie de traitement des habitacles propre à simplifier les relations de l'homme avec la machine.

Comme la Vel-Satis, la Renault Talisman porte la nouvelle signature de la marque, le losange encadré de persiennes. Fabrice DAL'SECCOUne véritable GT musclée dans la gamme Renault ? On n’osait en rêver, surtout après l’enterrement sans fleurs ni couronnes d’Alpine. C’est pourtant avec ce type d’engins que la marque au losange compte attirer l’attention lors du prochain Salon de Francfort. Aux antipodes de la conduite apaisée dans des voitures à vivre, la Talisman abandonne la traction avant pour retourner aux roues arrière motrices, seule architecture capable d’assurer la transmission de fortes puissances tout en préservant de bonnes sensations de conduite. Bref, tout le contraire du discours habituel de la marque.Les sièges fixes semblent - en dépit de leur rigidité - prêts à épouser les formes de leurs futurs occupants. Fabrice DAL'SECCO

Les nouvelles ambitions de Renault dans le haut de gamme et la capacité de l’allié Nissan à fournir de belles mécaniques ne sont certainement pas étrangères à ce revirement. Le long capot abrite en effet un V8 de 4,5 l et une transmission d’origine japonaise. Et il semble que cette nouvelle culture extrême-orientale ait influencé la réalisation d’un habitacle zen.

Ce coupé de Grand Tourisme à quatres places est l'occasion pour Patrick Le Quément, responsable du design de Renault, de lancer le Ce prototype sportif n’est en effet qu’un prétexte, comme de nombreux concept-cars. Son véritable intérêt réside dans le design intérieur dont l’ambition est de rendre la vie de l’utilisateur plus facile, de simplifier ses relations avec un environnement technique de plus en plus complexe. Pour cela, Talisman est équipé de monumentales portes papillons, essentiellement destinées à mettre en valeur son contenu.

En apparence réduit à sa plus simple expression, le " mobilier " aux formes épurées et allégées y est hautement technologique. Les quatre sièges, habillés d’une feuille de cuir rouge, sont constitués d’armatures en carbone sur lesquelles des poches d’air gonflables permettent d’ajuster la hauteur d’assise. Les sièges avant sont fixes, et c’est la planche de bord, dont le profil est semblable à celui d’une aile d’avion, qui coulisse, avec le pédalier, pour se mettre à bonne distance du conducteur. Hormis quatre cadrans en cristal gravés au laser, fixés sur la colonne de direction, le tableau de bord ne recèle qu’un seul écran destiné à afficher les données de navigation ou les images fournies par les trois rétrocaméras. Rien ne doit donc venir perturber la sérénité du conducteur. C’est là qu’intervient le " touch design ", argument essentiel de ce concept-car. Les commandes sont censées donner envie d'être manipulées. Fabrice DAL'SECCO

Aboutissement de l’ergonomie, il s’agit de réaliser des objets, en l’occurrence des commandes, qui donnent envie d’être manipulées et qui, une fois prises en main, induisent d’elles-mêmes, par leur simple contact, la façon dont elles doivent être utilisées. Il en va ainsi, par exemple, du levier de vitesses et des commandes sous le volant en forme de spatule dont la préhension indique le sens de déplacement. Cette théorie, qui mériterait d’être élevée au rang de philosophie, voire rendue obligatoire (!), doit permettre à tout un chacun d’utiliser n’importe quel système complexe sans le recours à un mode d’emploi ou à un apprentissage. L’objectif final étant de diminuer la charge nerveuse des utilisateurs et, par incidence, Le coffre abrite deux valises volumineuses et solidement arrimées. Fabrice DAL'SECCOd’améliorer la sécurité.

L’automobile deviendrait ainsi un véritable havre de paix dans lequel les déplacements, même quotidiens, seraient d’authentiques moments de détente. Un futur des plus séduisants !

Philippe GEGOUT. Photos de Fabrice DAL'SECCO